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ce lieu, sous cette espèce de pluie, de givre d’argent et d’or, qui est une profusion de lampes et de lustres sacrés, de tous les styles et de tous les temps.

L’authenticité de cet étrange sanctuaire est bien contestable ; elle est même formellement contredite par le troisième concile général tenu à Éphèse en l’an 341 et qui place à Éphèse même le tombeau de la Vierge, à côté du tombeau de saint Jean, son fils d’adoption. Les érudits en sont aussi à discuter si c’est bien sainte Hélène qui fonda la basilique primitive, en même temps que celle du Saint-Sépulcre ; mais tel qu’il est, dans sa naïve barbarie, ce lieu demeure l’un des plus singuliers de Jérusalem.

Tandis que nous remontons de l’obscurité d’en bas, par le large escalier noir des Croisés, un chant grave et magnifique nous arrive du dehors, un chœur qui se rapproche, chanté à pleine voix rude par des hommes en marche : c’est l’enterrement de l’archimandrite ; c’est le spectacle que la foule attendait et qui s’offre à nous au sortir de l’église souterraine, dans la lumière subitement reparue.

En tête, cheminent des gens en robes de brocart, portant, au bout de hampes, des croix d’argent et des soleils d’or ; puis, viennent les prêtres, les chanteurs de cette funèbre marche. Et enfin, le vieil archimandrite s’avance et passe, le visage découvert,