Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dès l’entrée, une obscurité subite, une âcre odeur de moisissure et de caverne, où se mêle le parfum de l’encens ; des haillons suspendus, des grabats sordides et défaits, qui servent aux gardiens de ce lieu rempli d’argent et d’or. On a devant soi un escalier monumental qui s’enfonce dans la terre, sous une sorte de nef d’église, inclinée aussi et en descente rapide, comme l’escalier, vers les profondeurs obscures. Cette voûte penchée, aux arceaux d’un gothique primitif et lourd, est l’ouvrage des Croisés qui, en arrivant, déblayèrent l’église byzantine d’en dessous, en ce temps-là convertie en mosquée et à moitié enfouie ; sur les principales pierres, du reste, la marque des tâcherons Francs du xiiie siècle se lit encore…

À l’usure des marches, au luisant noir des murailles, on prend de prime abord conscience d’une antiquité extrême.

On descend et ce que l’on aperçoit en bas ressemble plus à une grotte qu’à une église ; cependant, de la voûte, retombent, comme de merveilleuses stalactites, des centaines de lampes d’argent ou d’or, accrochées en guirlandes ou en chapelets.

Il est irrégulier et tourmenté, cet intérieur de crypte ; il est tout en petits recoins incompréhensibles, où cherchent à s’isoler les uns des autres les