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de la Basilique et s’enfouir là, sous les terrassements anciens, à la base du Golgotha.

Toutes ces choses massives et frustes, d’une couleur rougeâtre comme la terre, laissées telles quelles, sous des voûtes blanches, sans un ornement, sans un tabernacle, sans une lampe, font l’effet de ces débris morts qui gisent dans les musées, — sauf qu’elles sont restées en place et qu’elles ont leurs attaches profondes dans le sol. Le rempart est composé de ces blocs, de dimensions cyclopéennes, qui dénotent les constructions antiques, et le seuil de cette porte de ville est une pierre géante, où se voient encore les trous pour les gonds énormes, l’entaille centrale pour les barres de fermeture.

Elle est étrange et unique, cette voie, tout de suite perdue dans un impénétrable grand mur et, quand même, désignant la montée et la direction du Calvaire, avec une sorte de geste indicateur mutilé, brisé, mais indéniable et décisif. Et comme il est émotionnant à regarder, ce seuil, qui a conservé le poli des usures millénaires — et où sans doute se sont posés les pieds du Christ, alourdis du poids de la croix !…

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » dit l’ange annonciateur de la résurrection (saint Luc, XXIV, 5) ; et ces mots sont