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froide, terminer le rêve : le soir du grand lugubre jour ; les choses tout de suite rentrant dans l’ordre, reprenant leur cours inconscient ; une incroyable tranquillité retombée, comme sur une exécution quelconque ; la population juive, retournant à ses trafics et à ses fêtes, préparant sa Pâque, après ce forfait presque inaperçu, sans se douter que ses fils en porteraient la peine et l’opprobre aux siècles des siècles.



Quand nous remontons du souterrain, remettant pied dans l’heure présente et les choses actuelles, c’est comme au sortir de l’épaisse nuit des temps, où nous aurions été là replongés et où nos yeux visionnaires auraient perçu des reflets de très anciens fantômes… Jamais je ne m’étais senti si humainement rapproché du Christ, — de l’homme, notre frère, qui, incontestablement pour tous, vécut et souffrit en lui… Ce sont les mystérieuses influences de ces lieux qui en ont été les causes, ce sont ces vieux pavés hérodiens sous nos pas, ce jeu de margelle tracé par les soldats de Ponce-Pilate, — tous ces effluves du passé que dégagent ici les pierres…