Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

debout au milieu de leur chapelle toute blanche, — décorée, d’ailleurs, avec un goût sobre, d’une distinction suprême.

Ensuite, en creusant le sol au-dessous de leur cloître, elles ont découvert d’autres émotionnantes ruines : une sorte de corps de garde romain qui, vraisemblablement, servait aux soldats du Prétoire ; le commencement d’une rue, au pavage antique, dont la direction est la même que celle de la Voie Douloureuse aujourd’hui reconnue, et, enfin, des entrées de souterrains qui semblent conduire au Haram-ech-Chérif, à l’enceinte du Temple. — C’est ainsi que bientôt, en fouillant de tous côtés, sous les couvents, sous les églises, à dix ou douze mètres plus bas que le niveau actuel, on reconstituera la Jérusalem du Christ.

Chez les Filles de Sion, bien entendu, ce souterrain, cette rue, tout cela se perd mystérieusement dans la terre amoncelée, sitôt qu’on arrive aux limites de la communauté. Mais plus loin, disent-elles, en différentes places, d’autres religieux ont commencé à faire de même ; chaque monastère plonge, par des caveaux, dans le sol profond, et déjà l’on peut, en rapprochant idéalement les tronçons des voies hérodiennes, les débris des anciens remparts, retrouver et suivre jusqu’au Calvaire la route du Christ.