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Mardi, 3 avril.

De la haute terrasse du couvent des Filles de Sion, où je suis aujourd’hui, à l’heure lumineuse et déjà dorée qui précède le soir, on a vue, comme en planant, sur toute l’étendue de la ville sainte. Les deux mères qui ont bien voulu m’y conduire — religieuses exquises après avoir été dans le monde des femmes d’élite — me montrent, avec des explications, le déploiement de cette ville où elles sont venues vivre et joyeusement mourir. Les ruines, les églises et les monastères, l’innombrable assemblage des petites coupoles de pierres grisâtres, les grands murs sombres et les espaces morts, tout cela se déroule sous nos yeux, en un immense tableau d’abandon et de mélancolie. Nous sommes presque au milieu du quartier musulman et les premières coupoles, les pre-