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basse ; c’est le « Bazar de l’huile », un quartier de petites ruelles entièrement voûtées en plein cintre par les soins des Croisés et devenues aujourd’hui le centre d’un continuel grouillement bédouin. Il y fait noir ; les lanternes sont allumées dans les échoppes où se vendent l’huile et les céréales ; on est bousculé dans les couloirs étroits par les passants en burnous, on est étourdi par les cris des vendeurs et les clochettes des chameaux.

Puis le calme revient encore, au sortir de ce bazar couvert, et les chants religieux recommencent. Je suis parvenu au terme de la Voie Douloureuse : le Saint-Sépulcre ! Comme toujours, la porte des basiliques est grande ouverte et il s’en échappe un bruit de psalmodies.

Ce soir, ce sont les Arméniens, en cagoule de deuil, qui chantent tout près de l’entrée, encensant la « pierre de l’onction » et se prosternant pour la baiser ; l’un d’eux, le principal officiant, est en robe d’or, coiffé d’une tiare rouge.

Ils ont fini, et ils s’éloignent rituellement, dans le dédale obscur des églises, très vite toujours, comme pressés d’aller adorer ailleurs, dans une autre partie de ce lieu de toutes les adorations, où les moindres pierres sont journellement encensées et embrassées avec larmes. Leur chant une