Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sainte-Anne, qui viennent de fermer leur porte.

Elle monte, la rue, pénible, étroite et assombrie, entre ses deux rangées de murailles antiques ; par places, de grands arceaux, des fragments de voûte la traversent, l’enjambent irrégulièrement, y jetant plus d’ombre. Ses parois, hautes de trente pieds, sont bâties de larges pierres, romaines ou sarrasines, d’une même couleur un peu sanglante, avec çà et là, dans leur délabrement, des plantes accrochées ; de distance en distance, des contreforts énormes, tout rongés, les soutiennent.

D’autres rues croisent celle-ci, aussi vides et aussi mortes, sans fenêtres, sans ouvertures d’aucune espèce, voûtées presque entièrement de lourds arceaux, en plein cintre ou en ogive, et s’en allant se perdre au loin dans une mystérieuse obscurité de nécropole. À peine quelques fantômes s’aperçoivent, rares et furtifs, au fond de ces couloirs : femmes voilées ou Bédouins drapés de manteaux grisâtres.

Hic flagellavit…, dit une plaque de marbre blanc, incrustée au-dessus d’une porte. Ah ! c’est la chapelle de la flagellation du Christ, et bientôt le commencement de la Voie Douloureuse. Voici la caserne turque, bâtie sur l’emplacement du palais de Pilate, première station du Chemin de la Croix. À partir d’ici jusqu’au Saint-Sépulcre, toutes les stations