Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IX

Lundi, 2 avril.

Rencontré ce matin, en dehors des murs de Jérusalem, l’enterrement d’une pèlerine russe : — il en meurt tant, au cours de ces voyages en Palestine ! — Vieille femme en cire jaune qui s’en va le visage découvert, emportée par d’autres matouchkas. Et ils suivent par centaines, les pèlerins et les pèlerines ; toutes les vieilles jupes fanées sont là ; toutes les vieilles casquettes à poils, toutes les barbes grises de moujiks, toute la foule sordide et noirâtre. Mais la foi triomphante rayonne dans les regards et ils chantent ensemble un cantique de joie : on la trouve si heureuse, on l’envie tant, celle-ci qui est morte en terre sainte !… Oh ! la foi de ces gens-là !…