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la regardais hier encore à la lorgnette ; le profil est resté pur ; pas d’empatement dans l’ovale du visage, la jeunesse de ligne même un peu sèche de ses dix-huit ans) mais, pardon, tu n’es donc pas sans ignorer que Mme de Nauretale, une des plus brillantes de la cour des Tuileries et peut-être la plus jolie femme de l’Empire, ait eu des aventures. Pas, beaucoup, car on peut les compter. Tu n’ignores pas non plus que, toute mûre et toute mère qu’elle soit d’une jeune mariée de dix-neuf ans, elle ne soit encore publiquement entretenue par le marquis de Moreux, intime ami de son mari et gouverneur de la banque royale… d’Illyrie ; une liaison de près de vingt ans que tout Paris a acceptée. D’ailleurs, depuis vingt ans, une vie exemplaire ; pas un scandale ; le cadre sobre et presque austère d’une existence de haut luxe et, à dater de Moreux, jamais un geste à reprendre, jamais une démarche prêtant à la calomnie, le mot si facile à dire, le trait si aisé à lancer.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Mme de Nauretale a eu un drame et un grand amour dans sa vie de courtisane mondaine, courtisane qu’elle ne fût