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Don Juan.

Oui.

Citron.

Bravo ! j’en saute de joie !… Oh ! quelle inésade je vais me donner[1] !

Don Juan.

Mon cher, tu ne verras pas Inès, car nous ne pourrons pas entrer.

Citron.

Je négocierai. Tout ce que je veux, c’est de savoir la maison.

Don Juan.

C’est vers Saint-Michel le Haut… la maison à deux balcons.

Citron.

Prenez garde d’aller si haut… car si vous veniez à faire un saut…

Don Juan.

Un ange ne doit-il pas demeurer au ciel ?

Citron.

C’est que quand on a monté il n’est pas toujours facile de descendre.

Don Juan.

Un homme qui aime ne doit rien craindre

Citron.

Je sais que ma crainte n’est point vaine ; et la moindre maisonnette de Tolède me semblera un immense édifice.

Ils sortent.



Scène II.

Dans la maison de Lisène.


Entrent DON FERNAND et LISÈNE.
Lisène.

Vous me feriez perdre toute patience.

Don Fernand.

Et pourquoi, madame ?

Lisène.

Pourquoi vous-même, don Fernand, osez-vous paraître devant moi ?

Don Fernand.

Un autre, cruelle Lisène, trouverait ici un accueil plus favorable.

Lisène.

Et qui donc, hormis vous, pourrait me venir voir dans une semblable situation ? qui voudrait ainsi me désoler après avoir tué mon âme ? Don Pèdre vivait en moi, vous lui avez donné la mort, et pour me la donner aussi à moi, vous avez l’audace de vous présenter à mes yeux. Mais non, moi-même je ne vis plus, je suis morte avec

  1. O que inesada me doi !