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Issacar.

Voici Lida.

Lida.

Je suis sensible à tes peines.

Jacob.

Que devient ma fille Dina ?

Lida.

Elle fuit la vue des humains et ne cherche que la solitude, comme si elle s’accusait elle-même de l’injure qu’elle a reçue de cet insolent.

Jacob.

Bien qu’elle ne soit point coupable, je ne suis point étonné qu’elle éprouve cette honte.


Entrent BATO et BENJAMIN, celui-ci vêtu en berger très-élégant, avec sa fronde à la ceinture, un arc et une flèche.
Bato.

Oui, Benjamin, ton vieux père t’attend près de cette fontaine dont le murmure entretient incessamment le souvenir de son malheur.

Benjamin.

Et qui est avec lui ?

Bato.

Issacar et Ruben.

Benjamin.

Je suis heureux qu’il m’appelle. Mais pour lui seul je pouvais renoncer au plaisir de poursuivre et de tuer cette bête féroce. (À Jacob.) Père et seigneur, me voici.

Jacob.

Oh ! oui, c’est le visage de Rachel !

Benjamin.

Laisse-moi baiser tes pieds.

Jacob.

Non pas !… Attends !… Viens dans mes bras, afin que tu sois plus près de mon cœur. — Que faisais-tu donc, mon enfant, beau comme le soleil à son lever, quand il réjouit la campagne humide, et par ses rayons transforme en perles brillantes la rosée suspendue aux fleurs ?… Je pensais à l’amour, et tu t’avances avec ton arc et ton carquois[1] !… Mais, hélas ! en voyant ces armes, je me rappelle involontairement la bête féroce qui dévora Joseph, et sans laquelle il vivrait encore.

Benjamin.

Mon père, mon seigneur bien-aimé, oh ! que ne puis-je consoler ta douleur !… Que ne puis-je adoucir la peine de ton cœur affligé !

  1. Amor imaginava
    Y assi vienes agora, vida mia,
    Con arco y con aljava.