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Aujourd’hui, sur la partie arrachée à la mer, des immeubles de quatre étages attendent d’avoir des toits, des portes et peut-être des fenêtres ; des tonneaux d’arrosage, dignes de grands boulevards, essayent en vain de forcer les ruelles ; quant à l’électricité, qui n’a, ici, que trois mois d’âge, on comprendra qu’elle ne marche pas toute seule !

Venant d’Arabie, de Perse, des Indes, voici les acheteurs : les towasha, chacun revêtu de son costume national, l’Hindou aux cuisses nues relevant de deux doigts dégoûtés le pan de sa fine chemise ; l’Arabe grêlé, son double boudin de laine couronnant son front ; le Persan avec sa casquette de bazar. Ils traversent les ruelles, silencieux et rapides comme des rats, sautant d’une boutique dans une autre, rongeant du bout de leurs doigts les petits calicots rouges. Ils palpent les perles, en mordent quelques-unes, les contemplent dans le creux de leur main, les font sauter, les déposent sur la table, se lèvent pour les regarder de loin, les reprennent, mettent le nez dessus. On dirait qu’ils les sentent. C’est une auscultation en règle : toussez ! Plus fort ! Plus doucement ! Arrêtez-vous ! Tournez-vous ! Respirez ! La tare ne leur échappera pas.

Ils vont aussi en mer prendre la marchandise au nid, sur les booms pêcheurs. Dans ce cas, la concurrence à l’achat n’est pas admise. Lorsqu’un