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vés. C’était une vente au rabais pour cause de défauts de fabrication ! Mise à prix vingt-cinq livres ! Allons, qui renchérit ? Bonne santé, vingt-neuf dents ! On a dit vingt-six livres à droite ! J’entends que l’on dit trente ! Encore un effort. Regardez la femme, quatorze ans ! Trente-deux livres ! Regardez-la mieux. Trente-trois livres ! Plus personne ne parle ? Enlevez la femme !

Aujourd’hui la vente se fait en secret « Bid-Dais ». Plus de gouvernail aux fenêtres. Plus de sambouks s’enfonçant sous le poids. On voit arriver une malheureuse ayant traversé la mer Rouge sur un minuscule houri, seule, couchée entre deux nègres qui rament. D’autres patrons en fourrent dans des sacs comme une marchandise. Qu’un torpilleur montre ses cheminées, aussitôt les sacs humains disparaissent sous les sacs de riz. Si le corps du délit ne peut passer inaperçu, le sac est lesté et confié au fond de la mer ! Ceux et celles qui échappent ne débarquent plus dans le port. On les cache dans la ville. Les acheteurs finissent par les trouver. L’Abyssinie n’en exporte plus que de trente à trente-cinq par an, le Yémen une quinzaine. Quelques-uns proviennent du Soudan, c’est tout. Ah ! les beaux jours n’ont qu’un temps !