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LES COMITADJIS

un ne consomme. Sur l’une des vingt-deux tables du local, un unique pyrogène. Il est vide. C’est tout. Muets comme des pions, ces hommes donnent à cette salle la triste mine d’un échiquier où la partie serait abandonnée. Ils attendent qu’on les appelle. Un signe d’un voïvode, aussitôt ils se lèveront. On les enverra voyager en Yougoslavie ou bien assassiner les derniers amis de Protoguéroff.

Voici le « Lido ». Voici l’ « Italie ». L’Italie a du succès dans ce quartier ! L’ « Italie » est un restaurant situé à l’angle de Maritza et de Serdika. L’ « Italie » — le restaurant — est l’un des arsenaux de Vantché. N’y demandez pas l’emploi de caviste, on vous le refuserait. Vos qualités de sommelier ne seraient pas mises en doute, mais la cave de l’ « Italie » ne contient pas de bouteilles. C’est un dépôt d’armes, de bombes et de Paklena-Machina. Doux nom ! Paklena-Machina est la dernière invention des révolutionnaires macédoniens : une jolie petite boîte ressemblant à une caisse de phono. On peut, sans attirer l’attention, la poser sur le quai de la gare de Nish, par exemple. Ce phono n’est pas musical, mais explosif. Ceux de cinq kilos soufflent un grand bâtiment, le temps d’y voir.

Tandis que j’examinais les lieux, un phono-