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LES COMITADJIS

de soixante ans, fort distingué, ex-diplomate ayant servi en Italie, en Autriche. Pendant la plus grande partie de sa vie, il avait manié l’argument dans les termes les plus protocolaires ; aujourd’hui, il vivait parmi les bombes et, de tous côtés, entouré de revolvers, convaincu d’agir pour le bien de son pays.

L’ancien envoyé du gouvernement bulgare à l’étranger commença : « La Macédoine, monsieur, en 1893… »

— Pitié ! Pitié !

— Êtes-vous malade ?

— J’étouffe. Je ne digère plus la Macédoine de 1893. Je préfère encore recevoir un gâteau d’une livre en plein dans l’estomac !

— Alors, que voulez-vous ?

— Je veux savoir pourquoi l’on assassine des journalistes, des professeurs, des députés, des ministres dans les rues de Sofia ?

— Question de coutume : chez nous, on ne renverse pas les ministres, on les tue.

Bientôt vous n’en trouverez plus.

— À la pelle ! répliqua-t-il. Aucun député ne manque de courage pour devenir ministre.

Je lui dis que j’avais d’autres curiosités : connaître, par exemple, la vie du comité révolutionnaire.