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LES COMITADJIS

Il m’est impossible d’aller plus loin sans vous présenter Mlle Karnitcheva. Macédonienne, elle fit ses études à Munich, où elle se lia d’amitié avec une compagne d’université, la belle-sœur de Panitza, Macédonien. Ce Panitza, comme vous le pensez, est révolutionnaire, ancien chef de bande, mais on l’accuse de flirter avec les bolcheviks. Il habite Vienne. Mlle Karnitcheva revient en Bulgarie. Puis elle part pour Vienne, où son amie d’université l’a précédée. Cette amie habite chez les Panitza. Les Panitza offrent l’hospitalité à Mlle Karnitcheva. Cela dure des mois et des mois. Mlle Karnitcheva doit bien une politesse à des hôtes aussi charmants. Elle rentre un soir et dit : « J’ai pris une loge pour le Burgtheater. On joue Peer Gynt. Nous y allons tous. »

Panitza, qui sait vivre, passe son smoking.

Les voilà tous les quatre dans la loge, communiant tour à tour avec Grieg et Ibsen. Arrive le tableau de la tempête qui, ainsi que vous le savez, est près de la fin du spectacle. À cet endroit, le tonnerre gronde, le ciel devient infernal ; on entend même des coups de feu. C’est là que Mlle Karnitcheva en voulait venir. Elle ouvre son sac, prend son mouchoir, le déplie, en sort un revolver, et, à la faveur du tintamarre scénique, elle brûle la cervelle de Panitza, son cher hôte.