Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
LES COMITADJIS

La Bulgarie dit : « J’ai chez moi des comitadjis, je ne le nie pas, ils se voient. Ces comitadjis mangent, boivent, vivent sur mon territoire. De là ils passent la frontière et vont tirer les oreilles à ma voisine, la Yougoslavie. C’est dangereux, je le sais. Officiellement, je n’approuve pas cette petite guerre. Cependant, dans le fond de mon âme, je ne puis la condamner. Le traité de Neuilly a tenu compte d’un incident essentiel, mais épisodique, c’est-à-dire de la victoire des uns et de la défaite des autres : il n’a pas tenu compte du fond même de la question. Nous avons été vaincus, cela enlève-t-il quelque chose à cette vérité que la Macédoine est bulgare plutôt que serbe ? Comment alors blâmerions-nous ceux de nos concitoyens qui se font les champions de nos frères opprimés ? D’ailleurs si les moyens des comitadjis sont parfois condamnables, leur thèse n’est pas illégale. Que demandent-ils pour le moment ? L’application d’un droit, du droit des minorités. Ils protestent contre la dénationalisation de la Macédoine. Que des centaines de mille de nos frères vivent sur un territoire devenu serbe par les circonstances, c’est une loi qu’ils doivent subir, mais que le maître présent de leur sol leur interdise de parler leur langue, de s’appeler comme leur père et de penser tout haut, cela est un sup-