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LES COMITADJIS

serbe dans les rues de Velès, s’ils soutiennent le complot des étudiants de Skoplié ; si, dans le ciel de Chtip et dans le ciel d’Okrida, ils s’efforcent de passer comme des fantômes, s’ils promettent de brûler les maisons des jeunes gens qui préfèrent à la désertion l’uniforme d’Alexandre, pourquoi cela ? C’est pour aider toutes ces vagues de fond à remonter à la surface.

Y réussissent-ils ?

Chtip, certes, dégage toujours une odeur boucanée de vieux comitadjis, c’est un peu l’atmosphère d’autrefois, du temps de la grande conspiration. Il y a des bombes dans ces maisons. Et l’on imagine très bien la troïka, ayant passé la frontière, se glissant, la nuit, par ces ruelles complices, et frappant à l’un de ces volets les cinq petits coups attendus.

Pourtant le pays n’est plus ce qu’il était.

Dans ces décors turcs repeints à la serbe, le vieil esprit haïdouc vole de plus en plus bas. Il a contre lui l’époque même, la rude poigne du vainqueur et l’œuvre lente du temps. La jeunesse, aujourd’hui, préfère s’installer dans la réalité que de courir après l’idéal. Et ce qui fut le but des pères demeurera-t-il, pour l’éternité, le but des fils ?

Trains gardés, frontière cadenassée et, pour