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LES COMITADJIS

poches. L’un précédant l’autre, ils allaient déjeuner.

— C’est rigolo, dis-je.

— Vous trouvez ? fit mon compagnon, qui était Bulgare. Voici Tsankoff ! s’écria-t-il. Vous allez voir une autre cérémonie.

M. Tsankoff, à cette époque, était ministre de l’Instruction publique, mais ses états de service avaient de plus hauts sommets. Il succéda, en 1923, comme président du Conseil, à Stambouliski, assassiné. La partie du ciel qui s’étend au-dessus de la tête de M. Tsankoff est chargée de malédictions. Il fut le grand maître de la terreur blanche.

Aussi, sur son toit, à la place de la girouette, a-t-il fait visser un fusil mitrailleur.

M. Tsankoff quittait le Sobranié. La demie de midi sonnait. Le soleil était lumineux. Un chien tenu, jusqu’ici, je ne sais où, en laisse, bondit dans les jambes du personnage. Haut, fort en crocs, l’animal, après avoir manifesté sa présence, se rangea à la droite de son maître. Deux vigilants en casquette, les mains déjà englouties par leurs poches, prirent chacun position, l’un cinq mètres en avant, l’autre cinq mètres en arrière. Le cortège étant formé, il s’ébranla. Il marchait sur le trottoir de gauche : nous suivions au milieu de la