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LES COMITADJIS

désespoir, de toute cette imbécile souffrance de quatre années, de ce cauchemar de plus de quinze cents nuits, du typhus, de l’abandon du pays, de la retraite d’Albanie, de toutes les montagnes de cadavres qui couvraient toutes les parties de l’Europe, quelque chose, à la fin, se leva à l’endroit où la Save épouse le Danube : une tête, la tête d’un État nouveau.

La capitale de la Serbie n’était plus.

La capitale du royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes sortait de terre.

Vainqueurs, ces Slaves agirent en vainqueurs.

Belgrade sent la victoire.

D’abord, en descendant du train, ces immeubles mastodontes. Voilà du solide, du massif, de l’audacieux. On a compris la signification du mot bâtir par ici. Alors ce sont les nouveaux ministères du royaume yougoslave ? Mes félicitations. Vous savez manier la pierre. Ces immenses blocs, palais d’États, vous disent du coup que, de deux millions d’habitants en 1912, de quatre millions en 1914, Belgrade, aujourd’hui, a treize millions de sujets à gouverner.

Où était le bourg, le bourg sans parure, on voit une ville avec toutes ses plumes : cafés, restaurants, magasins, hôtels. On sait maintenant où coucher, et ce sera beaucoup mieux encore quand