Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
LES COMITADJIS

serbe. Son nom est écrit maintenant sur la vitre d’une devanture de Skoplié. La belle inspirée ne s’est pas vantée. Quel tour de main ! Elle vous torche le feutre comme à Paris. Ce n’est qu’un cri dans le pays, le dernier cri ! Ces dames de la société ne veulent plus que des Mara Bounéva. Elle connaît tout le beau monde. Dans la coiffe du chapeau de sa femme, Prélitch lit le nom de celle qui le tuera et dit : « Quelle fée ! »

On regrette seulement, dans le pays, qu’elle ne fasse aussi le deuil !

Pour être bon, un assassinat révolutionnaire macédonien doit présenter deux avantages : assouvir une rancune et servir une politique. La modiste est bien dans la place ; Prélitch n’échappera pas. Rien ne presse. En attendant, l’argent des dames serbes enrichit la boutique de l’Orim !

L’occasion vint : un léger flirt entre Sofia et Belgrade. Aussitôt l’Orim prononce son maître mot : « Pas d’amour ! » et Vantché, par delà le Pirine, fait un signe à la modiste.

Il est midi. Mara Bounéva connaît les habitudes du Serbe. Elle ferme sa boutique et gagne le pont sur le Vardar. Coiffées de ses chapeaux, toutes les dames la saluent. Voilà Prélitch. Elle l’arrête de trois balles admirablement envoyées. Il tombe.