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LES COMITADJIS

— Une caisse de retraite pour terroristes ?

— Oui, monsieur !

Melnik est sans doute le dernier endroit du monde que les agences de voyage pourraient montrer aux amateurs de grandeur tragique, de grandeur et de décadence. Sous Byzance, Melnik était le bagne pour fonctionnaires coupables de concussion. Une faille dramatique dans la montagne, une faille où passe un torrent qui est la rue unique et aux flancs, agrippées, des maisons de bois, de bois pourri. Là habite — et je veux croire qu’il est seul — le rebouteux des comitadjis. On m’y a conduit parce que je ferais beaucoup mieux de monter sur une chèvre que sur un cheval ! Dans ce décor d’une désolation sans nom, contemplons ce rebouteux, vieux solitaire sur son rocher, guettant nuit et jour, d’une oreille velue, les cris de ses amis les hors-la-loi en détresse !

Je pourrais faire grand cas de Petrich. Là, deux mille hommes, la milice d’alarme du Comité révolutionnaire, répondraient au premier coup de clairon. Cependant, de Petrich je ne vous parlerai que des bouteilles. Le verrier les a soufflées en forme de revolver, de ces gros revolvers que les chasseurs de fauves portent sur la cuisse. Vous êtes un pauvre touriste altéré et le