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LES COMITADJIS

tenir de douteux conciliabules. Là, à Kromidoff, ce citoyen demande un sauf-conduit. S’il veut fuir, n’est-ce pas qu’il a quelque chose à se reprocher. Le sauf-conduit lui est donné. Il s’en va, son enfant dans ses bras, sa femme à son côté. Les comitadjis l’attendent à la sortie du village, le laissent sur la route, assassiné, et ramènent la femme et l’enfant ; l’enfant qui s’amusait aujourd’hui, dans la boutique du bakal, avec un petit poignard en bois !

À Skalava, quatre paysans sont invités par le kmet (le maire). On les lie comme quatre grosses asperges ; la botte humaine est ensuite jetée pour la nuit dans la salle de l’école. Au matin, les membres rendus à la liberté, ils sont conduits à la mort, selon la formule ! Quatre tombes sont déjà creusées. À la fin on leur fait grâce. Ce n’était, cette fois, qu’un avertissement. On les remet sur la route de leurs chaumières. Eux aussi avaient eu de mauvaises lectures ! Tenez, ici, dans ce champ, près de Djigouro, deux grands audacieux osaient dire chaque jour, en plantant leur tabac, que les feuilles ne seraient pas pour les comitadjis ; une bande de quarante barbus, Strahil Razvigoroff en tête, cerne le champ, s’empare des criminels, les attache l’un à l’autre et, tirant la corde, les promène par les vil-