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LES COMITADJIS

fles. Je verrais sur cette place des gens qui, pour en définir la qualité, palperaient de la peau de protogueroviste ou de la peau de Serbe écorchés vifs, que je trouverais ce marché tout à fait légal. Le sel de ce voyage est dans le renversement des situations : ailleurs les terroristes vivent dans des caves, ici la lumière de Dieu brille pour eux.


Nous sommes quatorze attablés devant un cafedji. Mes hôtes sont soldats de l’Orim. Celui-là est l’assassin de Bogdaroff, il passa en jugement, mais il fut acquitté. C’est le frère d’un de mes trois compagnons de route. Il vaut mieux que je taise son nom, il est si timide ! Quand je le regarde, il sourit ! Cet homme à barbe grise est voïvode en activité. Je lui dis que sa ville est plus grande que je ne le croyais.

— Eh bien ! pas une maison qui n’ait donné une victime à la cause.

En effet, toutes les personnes qui me parlent ont au moins un assassiné dans leur famille.

— Moi, j’en ai cinq, mon père et mes quatre oncles ; mon père, le pope Elief, et les frères de ma mère : Peter Antof, Ivan Antof, Dimitri Antof, Vassil Antof, assassinés sur la place, de l’autre côté (chez les Serbes), à Merzen-Orakovotz.

Une autre voix : « Mon oncle, Ivan Christof,