Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LES COMITADJIS

subitement chargés de recenser les corbeaux, le nez en l’air, ils les regardent, un à un, folâtrer dans l’azur !

Tout gronde dans le fameux labyrinthe. Rue de l’Isker, au café « Zlatitza », dernier bastion du clan vaincu, à qui l’Ogre va prendre encore deux des siens, colère et accablement. Les spadassins de la cause perdue ne relèvent la tête que pour jurer qu’ils défendront leurs chefs. Ils les entoureront de leurs corps. À les entendre, Thomalewski et Bogdaroff ne vivront plus que dans un cercle de chair vivante. Et ces protecteurs sortent du café, courent dans ces ruelles et vont en ville à des rendez-vous.

L’émotion, dans l’autre clan, est de qualité différente. Qui sera choisi parmi les cinq cents ? Aucun de ces jeunes manœuvres de la mort n’appelle la couronne du martyre. Ils mangeaient, ils dormaient, ils s’habillaient gratuitement ; à tout prendre, l’existence était facile, le pain tendre et doux les lits de l’hôtel Takal ; maintenant il va falloir tuer ! Pourvu que le sort appelle le voisin ? Un silence de tombeau succède au premier émoi. Et dans leurs cafés habituels, on peut les voir attendant, devant un pyrogène vide. Certes, ils ne jouent pas leur tête, ils le savent. Quelques mois de prison, tout au plus, s’ils veulent bien se constituer prisonniers. De là, il s’évaderont — par la