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le juif errant est arrivé

Il n’avait de blanc que ses chaussettes ; le reste de lui-même était tout noir. Son chapeau, au temps du bel âge de son feutre, avait dû être dur ; maintenant, il était plutôt mou. Ce galurin représentait cependant l’unique objet européen de cette garde-robe. Une longue lévite déboutonnée et remplissant l’office de pardessus laissait entrevoir une seconde lévite un peu verte que serrait à la taille un cordon fatigué. L’individu portait une folle barbe, mais le clou, c’était deux papillotes de cheveux qui, s’échappant de son fameux chapeau, pendaient, soigneusement frisées, à la hauteur de ses oreilles.

Les Anglais, en champions du rasoir, le regardaient avec effarement. Lui, allait, venait, bien au-dessus de la mêlée.

C’était un Juif.

D’où venait-il ? D’un ghetto. Il faisait partie de ces millions d’êtres humains qui vivent encore sous la Constitution dictée par Moïse du haut du Sinaï. Pour plus de clarté, il convient d’ajouter qu’à l’heure présente ils vivent aussi en Galicie, en Bukovine, en Bessarabie, en Transylvanie, en Ukraine et dans les montagnes des Marmaroches. Autrement dit, sans cesser d’appartenir uniquement à Dieu, ils sont, par la malice des hommes,