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le juif errant est arrivé

promener en Palestine. J’ai vu ces Juifs la charrue à la main. En passant, je leur ai crié : « Chalom ! » et j’ai jeté un coup d’œil dans leurs maisons. Constatant que chacun avait un lit où, la nuit, il pouvait s’étendre, j’ai dit : « Bien ! Bien ! » J’ai vu leurs meules de blé et que leurs enfants, soignés en commun, étaient des enfants magnifiques. J’ai vu, le soir, au retour du champ torride, ces étonnants cultivateurs ouvrir une bibliothèque. Les livres qu’ils lisaient étaient des livres d’intellectuels. J’ai vu aussi des femmes durement courbées sur le sol ; elles se relevaient, venaient vers vous, et soudain c’étaient des dames qui marchaient. Après, je m’épongeais le front ; je redisais : « Chalom ! » et je filais, les laissant dans la plaine amère. Est-ce le bonheur ?

Trois mois après, je suis revenu. J’ai couru de nouveau Esdrelon, Tibériade, Caïffa. Rien n’avait changé. Ils travaillaient la terre comme les paysans travaillent la terre : sans manifestation.

— Eh bien ! leur ai-je dit, les Arabes vous ont attaqués ?

— Oui.

— Vous n’avez pas voulu leur céder le terrain ?

— Non.