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le juif errant est arrivé

par la main, les autres, groupés ou solitaires, marchaient dignement comme touchés par un doigt royal ; tous se rendaient au mur des Lamentations.

Ce pan de l’ancienne enceinte du Temple est tout ce qui reste de la splendeur d’un peuple. Long d’une cinquantaine de pas, haut d’une trentaine de pieds, bien caché dans la ville, ce tronçon d’histoire déchaîne la tempête dans l’âme d’Israël. Dès que les Juifs l’aperçoivent, ils lui envoient des baisers. Mais suivons-les. Les voici. Ils précipitent leur marche. Ils atteignent le lieu sacré et, aussitôt, le touchent des lèvres et le caressent de la main. Les plus âgés ont apporté des tabourets et s’assoient, les yeux inondés d’extase. À droite, sur les trois quarts de sa longueur vont les hommes. À gauche, le dernier quart est pour les femmes. Une longue plainte faite des plaintes de chacun, discordante, empoignante, couronne le vieux mur comme d’un nimbe sonore.

Voyons ! Cette jeune femme pleure-t-elle vraiment ? Sont-ce bien des larmes qui tombent goutte à goutte sur cette dalle ? Ce sont des larmes. Elle est jolie et elle pleure ! Elle pleure dehors, devant des inconnus, et non sur ses amours défaites, mais sur la ruine de sa race !