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le juif errant est arrivé

est berger ! Un Juif berger ? Jusqu’à ce jour, je n’avais connu que des Juifs banquiers !

Il faut être de rudes réalistes pour tenir dans l’idéalisme ! Ils furent ces réalistes, trimant, suant… mourant. Ces peaux blanches partirent en croisade contre le moustique, ces intellectuels comblèrent les marais, ce bibliothécaire mina les rochers, ce rôdeur des villes campa au désert de Judée. Où était la dune surgit la ville. L’oranger poussa sur les terres rouges. Le chardon s’envola devant le blé. La momie de Palestine peu à peu se leva !

Les colonies, comme ils appelaient les villages, succédaient aux colonies. Le pays s’en couvrit. Les noms qu’ils leur donnèrent chantaient l’espoir : Tel Or, la colline de la lumière ; Daganiah, le blé de Dieu ; Nachlath Jacob, l’héritage de Jacob ; Miohmar Hayarden, la garde sur le Jourdain ; Tel Chaï, colline de la vie ; Ménorah, il éclairera ! On n’appela plus les petites filles Esther, mais Carmela (du mont Carmel), Hermona (du mont Hermon), Yardena (du Jourdain), Sarona (de la plaine de Saron), Herzlia (de Théodore Herzl).

Ces exilés de vingt siècles qui parlaient dix-huit langues : russe, petit-russe, polonais, roumain,