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mille, cinquante, cent mille. Ils étaient la dernière illustration des grands mouvements d’idées à travers l’histoire. La foi les transportait, non dans le divin, mais dans le terrestre. Ils venaient conquérir le droit d’être ce qu’ils étaient. Ce fut un beau spectacle. Des médecins, des professeurs, des avocats, des peintres, des poètes, s’attaquant au pays sauvage, prirent la pioche et prirent la pelle. S’il faut reconnaître que les Arabes l’habitaient depuis des siècles et encore des siècles, il convient de publier qu’ils n’avaient pas achevé le travail. Ils étaient là, comme sont dans la jungle les belles bêtes de liberté.

L’ambition dans la vie ordinaire va généralement des travaux manuels aux travaux intellectuels. L’ouvrier donnant à son fils une situation libérale croit l’avoir poussé sur l’échelle sociale. Les Juifs nouveaux retournèrent la pièce. Le docteur en droit devint terrassier, l’étudiant, paysan. Ce casseur de pierres vendait des tableaux à Moscou. Ce gardien de vaches était violoniste à Prague. Ce coiffeur de Tel-Aviv plaidait brillamment à Lwow. Cette fermière chantait au Grand Théâtre de Varsovie, et ce Juif, naguère professeur de religion à Vilna et que voici au pied de Nazareth,