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le juif errant est arrivé

Mes Juifs n’ont pas de quoi manger, ni de quoi se vêtir. Les enfants sont pieds nus sur la glace et le vent pénètre dans les maisons, parce qu’elles sont faites de planches et que toutes les planches ne joignent pas. Je suis venu à Londres recueillir des aumônes. Les Juifs qui ont une position favorable doivent du secours à leurs frères encore opprimés. N’est-ce pas nous qui sommes le plus près de Lui (de Dieu). Sans nous qui Le prierait encore ?

Il ajouta :

— Si le malheur accable autant d’enfants d’Israël, n’est-ce pas justement la rançon du bonheur égoïste et de l’impiété des autres ?

Son arrière-neveu nous pria de considérer le cas de son grand-oncle. Né dans le ghetto, vivant dans le ghetto, peut-être n’avait-il pas une idée exacte des obligations modernes. S’il suffisait aux Juifs de Galicie de plaire à Dieu, les Juifs occidentaux devaient, hélas ! plaire aux hommes.

Et l’on me traduisit qu’il disait à son parent :

— Mais, nous aussi, rabbi, tout Anglais que nous sommes, nous observons le samedi. Demain vendredi, à la première étoile, alors que tout Londres travaillera encore, vous entendrez les rideaux de fer dégringoler dans Whitechapel.

Le rabbin reprit :