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le juif errant est arrivé

jeune, ne pouvait être qu’un noyau de maisons, une petite cité dont un regard ferait aisément le tour. La surprise gagne peu à peu votre esprit. Où vous supposiez trouver le bout du monde naît un boulevard. Les haies de maisons succèdent aux haies de maisons. Un camp, peut-être, mais non un camp volant. Il y a des arbres !

La colline du Printemps est tracée, sans monotonie. Rien des damiers américains. Les rues, les places, les boulevards, les avenues se rencontrent, avec fantaisie. C’est clair, large, ensoleillé, tout blanc. C’est gai. On y sent la volonté acharnée d’oublier le ghetto. Il est seulement surprenant de ne pas voir tous ces Juifs plantés sur les trottoirs, la bouche ouverte, et buvant amoureusement la liberté.

Que de dentistes ! Un à chaque étage. Aux portes presque autant de daviers que de sonnettes. Voilà ce qu’il en coûte, pauvre peuple, de s’être nourri de vache enragée pendant bientôt deux mille ans !

Et les coiffeurs ? Celui qui conserve un poil sur la figure à Tel-Aviv est un bouc obstiné. Toutes les trois ou quatre maisons un coiffeur vous appelle. C’est la révolte contre la Bible. « Ne rasez pas votre barbe », a dit le Seigneur. Sus au