Page:Londres - Le Juif errant est arrivé, 1930.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
le juif errant est arrivé

Rebbe Alter, habitué à converser avec le prophète Élie, n’est pas de ceux qu’un misérable petit Juif des Marmaroches déconcerte longtemps. Il se retourne, foudroie d’un regard d’aigle mon cher rouquin, et lâche une phrase.

— Il répond que les hommes ne vont pas donner des leçons à l’Éternel.

Se tournant vers moi, le rabbi me fit une espèce de sourire et m’enguirlanda de quelques mots yiddisch.

— Il dit qu’il est content de votre visite.

Bref ! le saint nous avait assez vus !

Ne sachant où trouver un cierge, que j’eusse allumé en m’en allant, je cherchai le tronc pour y laisser au moins tomber quelque aumône. Je ne sus le découvrir. Alors, je pris congé.

— Tendez-lui au moins un doigt, dis-je à Ben, qui filait comme un mal élevé.

— Il peut bien monter au ciel, ce n’est pas ma main qui le retiendra !

Et nous quittâmes la maison du miracle, un regard de fer nous poussant aux reins.