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le juif errant est arrivé

trottoir d’en face. Les appelés accoururent. Chacun fouilla son caftan. La collecte rendit dix-huit zloty. Il prit dix zloty dans son tiroir et, joignant les mains, il émit un cri de supplication. Il demandait grâce pour le reste, pitié pour son vieux père. Un par un, il tirait ses tiroirs pour montrer qu’ils étaient vides. Il alla dans la pièce du fond, décrocha un portrait et nous l’apporta : le portrait de Pilsudski. Il aimait Pilsudski. Son fils comptait en polonais et le parlait. N’était-il pas lui, le père, un bon sujet ?

— Encore dix-sept zloty, monsieur Jehuda Mond ?

Montrant ses tonneaux de harengs :

— Alors, prenez le reste en marchandises !

— Dix-sept zloty ou j’enlève les harengs !

Comme le cocher chargeait déjà, M. Jehuda Mond tira de sa poche un billet de cent zloty et, retrouvant toute sa dignité, il attendit d’un air impatienté de créancier que le fisc voulût bien lui rendre sa monnaie !

Quatrième étage. Sept personnes dans une grande pièce, dont trois jeunes garçons. La mère et la fille en larmes. Deux Juifs en caftan, étendus mollement chacun sur une chaise. Les trois jeunes garçons qui lisent le Talmud, ne se sont même