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le juif errant est arrivé

Je suis au seuil de la Mesybtha, le grand séminaire juif de la juiverie du monde. La jeunesse sensationnelle, celle qui mendie son pain et sa couche dans Nalewki, les maigres et pâles intellectuels en chapeau rond, ces figures de seize à vingt-deux ans, ascétiques, inspirées, dévorées par l’esprit moloch, ces porteurs du feu d’Israël venus de Pologne, de Roumanie, d’Ukraine, de Tchécoslovaquie et même de Belgique, tous sont là. Je les entends du palier. La rumeur de leurs voix enfle, s’apaise, s’éteint, renaît. L’usine à rabbins est en plein travail.

Entrons. Oui, entre donc ! L’odeur du lieu est épouvantable ? N’en as-tu pas senti d’autres ? Fais l’homme atteint d’un rhume, mords ton mouchoir au-dessous de ton nez, mais pousse de l’avant, tu t’habitueras !

L’odeur est spécialement juive — juive orthodoxe. Dans un cinéma, à Cernauti, elle me chassa avant la fin. Cette odeur est un mélange d’essence d’oignon, d’essence de hareng salé et d’essence de fumée de caftan, en admettant qu’un caftan fume comme fume la robe d’un cheval en nage. Individuellement, peut-être, ne dégagez-vous aucune odeur, je le souhaite, mais groupés en lieu clos, vous empoisonnez, Messieurs !