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le juif errant est arrivé

misère ! Elle abonde tellement que pour deux sous on en aurait jusqu’à la fin de sa vie ! Les marchands de preslés, grelottant devant leurs paniers, ne s’arrêtent de lancer Pientch grosze, cinq centimes ! Et ils vous donnent leur parole d’honneur que la marchandise leur coûte davantage.

Toutefois, les femmes sont grosses. Sont-ce leurs loques qui les engoncent ? Le froid fait-il gonfler ? Sucent-elles, en cachette du mari, l’arête du hareng saur ? Grosses, mais pâles. Leur graisse vaut celle du mouton, bonne à faire du suif.

Un marché ? Un champ d’épandage, oui ! Le choix de toutes les boîtes à ordures de la ville polonaise ! Les lapins dont on propose les peaux paraissent avoir été tués à la mitrailleuse. Les fourrures ne sont que de la bouillie de poils.

— On ne vend rien, disent ces gueux.

Pourquoi nous suivent-ils comme s’ils étaient des pigeons attendant le grain ? Peut-être n’avons-nous pas de trou au pantalon ? Ce serait, en effet, grande originalité ici !

— Messieurs, leur dis-je, vous devriez aller en Palestine.

— Vouah ! Il y a suffisamment de ces sales Juifs frisés, pouilleux et déguenillés là-bas !

— Vous croyez-vous autrement ?