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le juif errant est arrivé

Mme Sassner eut d’abord une désillusion : nous n’étions pas des acheteurs. Mais Ben ne tarda pas à l’emberlificoter dans un yiddisch de jour de sabbat.

— Elle me dit, fit Ben, de ne pas y aller.

— Ce n’est pas ce qu’il faut lui demander. D’abord, pourquoi est-elle partie, elle, sa sœur, son époux et ses deux enfants ?

— Elle dit que le mari a décidé parce que le mari est un peu illuminé. Elle ajoute que tous les jeunes gens sont aussi illuminés et qu’il faudrait battre ceux qui leur mettent la Palestine en tête.

— Où étaient-ils installés ?

— À Tel-Aviv !

— S’ils y vendaient des fourrures, je comprends tout !

— Non ! Ils s’étaient mis fryser. Elle, les enfants, la sœur, le mari, tous coupaient les cheveux et les barbes, mais il y eut bientôt autant de fryser que de barbes. Et puis ils n’ont pas été les seuls à revenir. Il en partait, dit-elle, plus qu’il n’en arrivait. Elle dit que la Palestine c’est bon pour les très riches ou les très pauvres, ceux qui n’ont rien à perdre et ceux qui n’ont plus besoin de gagner.

— Demandez-lui ce qu’elle fait de l’idéal.

— Elle dit… Mais vous avez compris, fit Ben.