Page:Londres - Le Juif errant est arrivé, 1930.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
le juif errant est arrivé

Pendant que nous l’examinions :

Il flotte aux balcons de Tel-Aviv les jours de fête. Il est en tête des cortèges et sur la mairie et sur nos gymnases. J’ai entendu monter vers lui un cri que j’ai encore là (il se touchait le cœur), un cri invraisemblable, un cri que, toi, tu n’as jamais entendu, non plus que tous les millions d’autres, un cri qui n’avait pas été poussé depuis vingt siècles : Vivent les Juifs !

Ben, instinctivement, regarda autour de lui.

— Là-bas, on ouvre les fenêtres quand on le crie, et toi, tu vois ! Vivent les Juifs, monsieur, pour quelqu’un qui n’avait dans l’oreille que « À mort les Juifs ! », cela provoque une révolution dans l’âme. Les rabbins miraculeux qui voient descendre le prophète Élie ne doivent pas ressentir pareil bouleversement.

Alter Fisher avait vingt-huit ans. Il ne semblait pas seulement brûlé par le feu du sionisme, mais aussi bercé par les eaux du lac Tibériade. Il souriait au nouvel homme qu’il était. Il ouvrit un album avec amour.

— Regardez ; là, que voyait-on en 1910 ? Une dune. Et là que voit-on aujourd’hui ? Une immense ville. La ville est à la place de la dune, voilà tout, et c’est Tel-Aviv ! Voilà la rue Herzl,