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le juif errant est arrivé

L’homme qui nous reçoit tranche nettement sur toute la race juive de ces pays. Sa poitrine n’est pas défoncée ; il se tient droit, et fièrement des épaules. En traversant les rues, il ne louche pas de tous côtés, pressant le pas. Une casquette le coiffe. Il est vêtu d’une veste de cuir et, quand il met ses mains dans ses poches, on sent qu’un inconnu n’est plus pour lui un fantôme porteur de catastrophes.

C’est un Haloutz, un pionnier de Palestine.

Nous gagnons la ville.

Aux enseignes des magasins les mêmes noms qu’aux enseignes de Whitechapel, de Mukacevo, d’Oradea-Mare.

Le pionnier est en mission. Il est ici, depuis deux mois et rejoindra Jérusalem dans trois mois. Il est venu donner des nouvelles de la Patrie.

Le monde, un jour, vit apparaître les Jeunes-Turcs bousculant les traditions ; je vois le premier Jeune-Juif !

Je lui dis ma surprise et la brèche que son apparition ouvre dans cette masse juive.

— Nous sommes cent soixante mille ainsi ! répond-il fièrement.

Nous allons. Il nous conduit chez lui.

— Et j’ai porté les papillotes, cher monsieur !