Juifs, ils vivent sur un glacier. Je compris tout de suite beaucoup mieux pourquoi Théodore Herzl les voulait envoyer en Palestine.
Tenez-vous droit, dis-je à Ben, le froid vous rend bossu, et votre silhouette m’effraye par cette nuit et cette neige ! Le froid n’était pour rien dans la bosse ; mais Ben, comme tout bon Juif, avait emporté un petit paquet mystérieux. Ne pouvant plus le tenir à la main, il l’avait mis dans son dos, sous son pardessus qui, bien serré, le maintenait.
On partit tout de même devant soi. La marche confirme à l’homme qu’il n’est pas encore changé en stalactite. Trouvez-moi une place en France, me dit Ben, interrompant le silence blanc ; je parle treize langues, et ici il fait si froid que je ne puis même plus ouvrir la bouche ! — Que voudriez-vous faire ? — Me chauffer au soleil de Paris. — Je vous recommanderai dans une agence de voyages comme guide au mont Blanc ! Avez-vous des frères, Ben ? — J’en ai un inscrit comme Polonais et un autre qui fait son affaire à New-York. Je ne sais s’il se fera Américain. — Pourquoi êtes-vous dans les Carpathes, vous ? À cause du président Masaryk qui nous a donné la liberté.