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LA CHINE EN FOLIE

— Bonsoir !

— Vous n’êtes pas Français d’ici ?

— Et vous ?

— Moi, c’est autre chose, je ne suis qu’une vieille bête. Vous n’êtes pas là pour les fourrures, au moins ?

— Pas pour les fourrures.

— Tant mieux ! Il n’y a déjà plus assez d’animaux pour moi ; si l’on était deux sur la ligne, ce serait du propre. Et puis, compatriote, ce n’est pas un métier. Je suis acheteur de peaux. À force d’acheter des peaux, j’y laisserai la mienne. Voulez-vous des bonbons de goudron ? Il faut sucer des goudrons dans ce pays-là. Vous étiez au Myako-Hôtel ? Je vous ai vu entrer. Ce n’est pas vous que je suivais, c’est l’odeur de votre tabac. Vous en avez encore ? Non ! Tant pis ! Si j’avais su, je vous aurais abordé hier. Mais prenez un goudron.

Le guichetier montra le nez. Le marchand de peaux se mit à l’insulter avec un accent bourguignon. « Vieille casaque, lui disait-il, calotte à poux, fourneau à opium, tu t’en moques que je récolte des bronchites dans ta gare à punaises. Tiens ! voilà mon argent, donne-moi ton carton.