porte était entr’ouverte. J’aperçus l’enfant au fond de sa chambre, les coudes sur une table et son petit menton dans ses mains. Je connais ces heures-là. Ce sont les heures d’attente du voyageur solitaire, les heures d’attente pendant lesquelles on n’attend rien.
Il était dix heures du soir. Elle se remit à chanter. Je sortis, et, m’arrêtant devant sa porte :
— Vous pouvez chanter toute la nuit, madame, cela me fera plaisir.
Alors, me désignant une chaise près de la table où elle était toujours accoudée :
— Je vous prie, fit-elle.
— Soyez aussi bénis, ô compatriotes ignorés, qui avez appris le français aux dames russes et blondes !
Une glace était devant elle et, à sa droite, une corbeille remplie de pommes rouges du Japon.
Désignant l’une et l’autre :
— Coquette et gourmande, dit-elle.
Comme il faisait froid, elle ferma la porte.
— Écoute, me dit-elle la nuit suivante, il faut