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LA CHINE EN FOLIE

tons aussi. D’autant que dans notre cas c’est un malheur pour un seul peuple : le nôtre. Nous nous déchirons, mais en famille. Nos chiens sont subitement devenus des loups, mais n’ont pas quitté leur ferme. Des satrapes mettent simplement de l’argent dans leur poche. C’est un militarisme domestique.

— Savez-vous que j’ai vu Tsang-Tso-lin à Moukden ? Quel beau bandit ! C’est le plus magnifique de ma collection.

— Chut ! fit M. le docteur Yen, président du Conseil par intérim et ministre des Affaires Étrangères par résignation, parlez plus bas, les avant-gardes de M. le maréchal Tsang-Tso-lin ne sont plus qu’à trente kilomètres de ce bureau. Et s’il n’y a que moi pour les arrêter !…

L’autorité, continua-t-il, est bouleversée. Je ne saurais vous le cacher. Sans doute, aussi, règne une absence de discipline. Les soldats n’appartiennent plus à l’État, mais à des particuliers. Nous sommes une république parlementaire, mais nous n’avons plus de parlement. M. le président du Conseil est en congé à Tientsin, sur la concession française, où, paraît-il, l’air est salubre, et cela, depuis cent deux jours, — cent deux jours ! répéta le docteur Yen ; veinard ! — mes autres collègues, pris subitement d’un urgent besoin de déplacement,