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— Moi aussi, j’ai à dire sur El-Bordj.

— Parlez.

— Je m’appelle Cornil, je me suis rebiffé. Voici ce qui s’est passé. Je suis piqué par un scorpion. Je le fais constater par le sergent G… Il me répond : « Crève ! ». La piqûre était venimeuse, la fièvre me prend. Je perds la tête, je refuse d’aller au travail. Je dis à l’adjudant S… : « Faites-moi passer en conseil de guerre, je préfère n’importe quelle peine, la réclusion, les travaux forcés à ce que l’on me fait subir ici. » L’adjudant lève sa cravache pour me frapper. Je recule d’un pas et, décidé à tout, je lui dis : « Crevé pour crevé, si vous me touchez, je vous rentre dedans jusqu’à mon dernier souffle. » Il laissa retomber sa cravache, me conduisit en cellule et me dit : « Tu veux passer le falot (aller au conseil de guerre). Ce n’est pas mon idée à moi, je t’aurai sur place. »

« Enfin, me voici au tombeau sous le marabout. Il y faisait une grosse chaleur de désert. Là, je trouve quelques camarades qui avaient plutôt l’air d’être de l’autre monde. La vie me semblait insupportable. À tout prix, je voulais le conseil de guerre pour échapper à