Page:Londres - Dante n’avait rien vu.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait chez qui la soif l’emportait sur la faim. Et ils donnaient un quart de pain pour en avoir.

— Ce que nous vous disons est vrai, monsieur, fit un autre témoin, puisque le capitaine qui n’empêchait pas ces choses a été débarqué.

Mais le jalonneur :

— L’homme qui à Sidi-Moussah ne pouvait finir sa tâche (nous devions arracher 150 kilos de racines de palmiers nains par jour), le soir venu, était déshabillé bessif, et couché dans la tranchée. Nous étions, dans cette tranchée, à deux mètres les uns des autres. Les Sénégalais qui nous gardaient avaient ordre de nous piquer de la baïonnette au moindre geste.

À minuit, le sergent se levait, nous rassemblait et, vingt fois de suite nous faisait boucler le tour du cantonnement au pas gymnastique, à coups de crosse, à coups de bâton. « Ça les réchauffe, criait-il, ces enfants-là. » Après, il nous arrosait d’eau et nous allions nous recoucher dans la tranchée. L’eau gelait sur nous immédiatement.

— Vous étiez chez un entrepreneur ?

— Oui. Cet entrepreneur avait même un