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chats qu’on nomme des hommes. Était-ce Dar-Bel-Hamrit qui n’était plus, ou nous qui n’étions pas à Dar-Bel-Hamrit ? À droite, une maison de bois ; nous y courûmes. Elle portait deux mots sur sa façade : UFFET-HOTE. Quelle était encore cette langue-là ? Le chauffeur, les deux mains au profond des poches de son pantalon, se planta devant le mystère pour le déchiffrer. « Buffet-Hôtel », dit-il. Ce chauffeur parlait peu, mais bien.

Nous gravîmes un perron. Les portes du Buffet-Hôtel étaient cadenassées, mais les carreaux étaient à terre, brisés,… brisés de douleur d’avoir vu à jamais s’éloigner le train, sans doute. Nous passâmes la tête par les fenêtres sans vitres. Une table, les pattes en l’air, agonisait dans un coin ; cinq chaises, pour se tenir compagnie, s’étaient groupées dans un autre, et trois mètres soixante de tuyaux de poêle gisaient aux pieds d’un fourneau froid. Le tremblement de terre de Yokohama s’était fait sentir jusqu’ici.

— Donne toujours un coup de trompe, dis-je au compagnon chauffeur.

Et nous attendîmes, tout comme Roland dans la vallée de Roncevaux.