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C’est plus tard, quand il en passa deux autres tout pareils, que j’appris que c’étaient des gens qui venaient porter du flouss (de l’argent) au chef, contre nous, et que j’ai vu que c’étaient des Allemands. Eh bien ! si j’avais pu faire savoir le truc à ceux que ça regarde chez nous, je l’aurais fait. C’étaient des gars culottés tout de même ! Ils parlaient berbère mieux que moi. Et comment qu’ils avaient fait pour passer ? Il y a dans la vie de fichus fourbis qu’on ne connaît pas !

— Comment êtes-vous revenu ?

— On a beau s’habituer, on ne s’habitue pas ! J’ai dit un jour : je vais rentrer, tant pis ! Il passait par moments des marchands qui venaient par le trick (le chemin) du Tasfilet, et pour vendre quoi ? Rien du tout. Je crois que c’est plutôt pour balader leurs femmes sur des ânes ; ils ont toujours plus de femmes que de marchandises. Je me suis mis bien avec l’un d’eux. J’avais laissé pousser ma barbe, comme de juste. J’avais bu de l’eau pendant tout ce temps. Sous mon burnous, je parie que ma mère ne m’aurait pas reconnu. Et je partis pour piquer les ânes des mouquères.

— C’était en 1920 ?