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le fond de la chambrée. Il prête l’oreille. Silence partout. Alors le « caïd » siffle en veilleuse. Il allume une bougie ; il a même pensé au petit manchon de toile qui emprisonnera la lumière. Pieds nus, sept ou huit hommes avancent maintenant entre les deux rangées de lits.

Les voici réunis. Ils sont à genoux et en chemise. Avec leur tête rasée, on dirait des condamnés qui, bientôt auront la corde au cou. Ce sont des juges.

À voix basse, le « caïd » demande : « Nous sommes d’accord ? C’est bien Millière ? »

À voix basse, et un par un, chacun répond :

— Millière, oui. Millière, oui. Millière, oui.

Millière est couché dans la même baraque. Il dort ou ne dort pas. Cela n’a pas d’importance il ne sera pas convoqué.

Le tribunal est fixé. Il n’a plus qu’à délibérer.

Il arrive qu’un ami de Millière soit parmi les juges. À son tour de parole il tente, toujours à voix basse et en chemise, d’exposer les circonstances atténuantes, mais si le « caïd » dit : « Ici. c’est moi qui commande », l’ami rentre dans le rang.