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davantage à son « caïd » qu’à son sergent. L’un et l’autre forment les anneaux alternés de sa chaîne.

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Quand un détenu reçoit un colis de sa famille, il le porte d’abord au « caïd ». Le « caïd » choisit et abandonne ce qui ne lui plaît pas. Dans les bataillons, lors des distributions de vin, le « caïd » place le baquet à côté de lui et sert les autres de sa main. Ce qui reste lui appartient ; il le boira ou le vendra. Le tabac de chacun est le tabac du « caïd ». En donnant du tabac au « caïd », le pégriot ne lui fait pas une grâce, il lui paie une redevance.

Il y a des « caïds » aux bataillons d’Afrique, aux sections spéciales, aux pénitenciers. Le nombre de leurs sujets est variable. Des chambrées comptent deux « caïds », d’autres quatre. Quand un « caïd » perd de son prestige, son peuple, petit à petit, passe sous le joug d’un plus fort.

Pour ne pas déchoir, un « caïd » ira jusqu’au crime. Autant que les plus grands, il a senti que tout n’était pas fini quand on a